Exposition Dislocations au Palais de Tokyo : un hommage à la nécessité vitale de la création artistique
Palais de Tokyo
Jusqu'au 30 juin 2024
Une atmosphère énigmatique règne depuis quelque temps au Palais de Tokyo. Entre tissus vifs, toiles mystérieuses, collages et objets surprenants, nous déambulons au cœur d’horizons divers, ceux de quinze artistes déracinés. Dès les premiers pas, nous sommes saisis par la puissance des œuvres qui témoignent des récits fragmentés de leurs créateurs marqués par l’exil, le déchirement, la rupture. La brutale réalité du monde confrontée à la nécessité profonde et vitale de la création artistique jaillit ainsi au cœur de ces univers éraflés.
Pianola, une série de visages pâlis signée Bissane Al Charif traduit une réelle déchirure par ces regards absents presque vides ; des figures ternes qui semblent disparaître, là où l’idée de destruction apparaît frontalement dans les ruines de Misha Zavalniy. Au creux de ces blessures béantes et intimes surviennent alors la reconstruction de soi, l’union et la volonté profonde de faire société ensemble humblement. May Murad transmet cet espoir dans son tableau Disparition qui exprime ce puissant paradoxe à travers un contraste de couleurs et de traits soulignant le sentiment inconfortable de rupture.
Les œuvres portent l’héritage douloureux d’artistes qui ont su s’en libérer grâce à l’expression brute de leur créativité aboutissant finalement à la résilience et la réparation. Attentifs aux bruits du monde et aux multiples mouvements de la société, ces créateurs audacieux sont ainsi réunis dans une exposition bouleversante qui partage leurs histoires intimes dans un cri solidaire éclatant de vérité.